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ChapitreI

L'articulation culturelle des
fléaux sociaux


En compromettant la survie, au sens strict, de la civilisation, la partie de
l'humanité qui porte en elle le mal, intègre subrepticement les mécanismes de la
symbolique fondamentale de l'exclusion. De cette faute originelle : être tuberculeux,
syphilitique ou alcoolique, une succession logique d'états est cause et une
succession logique d'états est conséquence. Pris dans une chute commencée et dont
on connaît d'avance la trame, le coupable de maladie sociale s'emballe dans sa
chute et augmente ainsi la dangerosité de la sous-humanité qu'il compose.

  1. Les points sombres de la civilisation


Cette division de l'humanité en deux clans : les sains et les malades
(menaçants) sous-tend une problématique qui remue les grands tabous de notre
civilisation et rend ainsi l'image du coupable pulsionnellement obsessive.


L'étalage de la chair et du sang


Accusée d'être le principal vecteur de la syphilis, la prostitution est aussi un
commerce de la chair humaine puisque le prix de sa complexe consommation
transforme le corps de la prostituée en chose. Pompeusement camouflée en
"prolétariat de l'amour", la classe de celles qui servent aussi à satisfaire un
cannibalisme interrompu, rend le sang malade et compromet par une maladie qu'on
a longtemps crue héréditaire, la végétation humaine du futur.

La tuberculose pulmonaire, principale inculpée, s'est d'abord appelée phtisie,
vocable générique de la dévoration par un feu qui consume et dessèche lentement.

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