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ChapitreII

Le laboratoire de l'absurde

"Faut mettre un casque...
Mais un casque, ça n'a pas de sens. Sauf en cas de
guerre... et comme la guerre, ça n'a pas de sens...
Vaut mieux garder son chapeau..."
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L'énorme complication des problèmes militaires en milieu colonial servit
d'amplificateur aux réclamations hygiéniques sur la rationalisation des conduites
sanitaires.

En période de guerre, la mort illégitime prend des allures de désertion
biologique et l'histoire a fréquemment montré la répercussion dramatique de la
morbidité sur le déroulement des guerres. Aussi, la connaissance du passé va-t-elle
servir à l'élaboration d'un code aiguisé par la modernité que cette digestion
autorise. Mais les guerres surprennent toujours l'imaginaire et les marges de
l'erreur elles-mêmes sont inévaluables. Alors, fatalement, la guerre est aussi un
réapprentissage des limites auxquelles conduit le comportement des hommes. La
gestion de ces débordements tous azimuts concerne le vivant et regarde en cela
l'hygiéniste qui va chercher à résoudre les difficultés nouvelles et remédier pour le
mieux aux déchets qu'elles produisent.

Cependant, dans cette tourmente biologique, la science elle-même se dégrade et
sert des idéologies qui confortent opportunément son pouvoir mais concrétise en
cela la menace que peut faire subir le savoir à la liberté.


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80R. DEVOS, "Ca n'a pas de sens!", 1967.

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