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ChapitreII

Le clair obscur de la matière


Quand il faut faire quelque chose du cadavre et déterminer, dans le cas qui nous
occupe, une direction rationalisée des comportements, la question de la nature et de
la classification des choses prime et se repose à chaque
novation scientifique.

Ainsi, l'état de mort, différemment défini par la clinique et l'analyse
sociologique, subit-il une évolution historique dans sa perception. La nature
animale de la matière, dans l'urgence de sa gestion, révèle une surprenante
acceptation par l'homme de son animalité et trahit simultanément la nature
esthétique des raisons , qui, ailleurs, lui en imposent le refus.

Ces deux grandes pulsations phénoménologiques : morte ou vive, humaine ou
animale, vont rythmer l'effort incessant des hygiénistes pour réduire le désordre
des corps.

  1. Morte ou vive ?


Il est deux façons d'envisager la mort. Soit comme frontière d'un néant qu'elle
inaugure en même temps qu'une nouvelle classification du corps mort bien distincte
de celle du corps vivant. Soit comme une terminaison qui révèle brutalement la
teneur significative du corps vivant. La mort étant envisagée ici comme un
processus classifiant car constitutif, à rebours, d'une signification pour la vie. C'est
cette deuxième méthode, dont la richesse cognitive saute aux yeux, qui sera adoptée
dans cette étude.

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