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et charlatans: il était entendu que ces ravages ne pouvait provenir que de leur fait. Pour
leur barrer la route, il est décidé d'accroître le bagage technique des pharmaciens et des
médecins, d'améliorer la qualité des produits, d'éduquer les malades et de lutter contre
les prescriptions abusives162.
Ce dernier élément fut décisif: la profession acceptait enfin le principe d'un
assainissement et les recours se multiplièrent dans les années 1870 et 1880. Fondés sur
la loi du 19 juillet 1845 qui interdisait à tout pharmacien la vente de substance
vénéneuse sans ordonnance médicale datée et signée, les actions aboutirent à une
avalanche de condamnations, qui posèrent en principe la responsabilité du pharmacien.
Mais cette auto-flagellation fut de courte durée: au fur et à mesure que la
profession s'assainît, les pharmaciens se montrèrent de plus en plus réticents à être
considérés comme responsables de l'épidémie, même s'ils admirent que quelques
collègues (radiés) commirent des erreurs. Les progrès de la contagion n'était plus de
leur fait mais de celui de la recherche hédoniste du consommateur163: le premier
coupable c'est la victime.
Quant à la réglementation, elle ne s'étoffe réellement qu'au début de ce siècle.
Ainsi, le décret du 30 octobre 1908 réglemente la circulation de l'opium: en l'inscrivant
sur la listes des substances vénéneuses, il la fait passer sous le coup de la loi de 1845.
Les épiciers font grise mine, les fumeries sont fermées, les trafiquants sourient.
Le droit international public prend ensuite le relais à l'initiative des Etats-Unis,
inquiets de l'opiomanie qui connaît une contagion rapide dans le pays depuis l'arrivée
massive d'émigrants chinois, appelés pour construire le réseau ferré. Ils espèrent
convaincre la France et l'Angleterre de renoncer à inonder le marché chinois d'opium
indochinoise et indienne, voire de cesser toute exportation.
Cette question épineuse qui donna lieu à plusieurs guerres avec la Chine
rassembla douze nations à la Conférence de Shanghai de 1909 puis à celle de La Haye
où le 23 janvier 1912 est signée la Convention Internationale de l'Opium. Personne ne
songe à la ratifier mais elle fournit un modèle juridique et idéologique aux législations
nationales postérieures.
Enfin, les divers scandales de l'opium qui ont éclaté en France durant la
première moitié de la Première Guerre Mondiale ont accru la pression qui pesait sur le
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