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§ 2. De la répression

La première déflagration se fit entendre en matière de stupéfiants: l'avènement de la puissance pharmaceutique inaugurant instantanément l'ère des accoutumances, elle projeta la question de l'aliment dans le champ de compétence du droit pénal.

Pendant des siècles les rebouteux et les ménagères ont détenu les secrets empiriques de substances dont la sacralité suffisait à mettre en garde le consommateur contre toute utilisation abusive. Ce qui ne veut pas dire que les effets hallucinogènes n'étaient pas recherchés, bien au contraire, de tels effets apportaient la valeur probante et de l'efficacité du produit et de ses affinités surnaturelles. Cependant, l'excès était toujours soigneusement évité, il ne s'agissait pas de céder aux inclinations des sens mais de se rendre meilleur, c'était là matière bien trop sérieuse pour être traitée avec pusillanimité.

De toutes manières, la loi de tout aliment n'est-elle pas de produire des effets psychiques ? Le corps repu aspire au sommeil tandis qu'un jeûne prolongé produit des hallucinations, le chocolat est aphrodisiaque tandis que la menthe stimule l'intellect, etc... Cette liste de lieux communs contemporains que la médecine amusée offre à la curiosité de chacun ne demande qu'à être complétée par les inventaires des almanachs. Toutefois, il convient de s'entendre sur une définition de ces termes de "drogue", "stupéfiants" , le plus sage étant encore d'employer l'acception courante du mot.

Un Léthé de potions stupéfiantesabreuvait une Antiquité à la recherche de la panacée. Le thériaqueà base d'opium qui est attribué à un médecin crétois de Néron et qui fut perfectionné par Galien, était considéré comme souverain pour un nombre indescriptible de symptômes.

Aussi irrigua-t-il abondamment l'Europe de la Renaissance, en compagnie d'innombrables succédanées et imitations. Cependant les découvertes et progrès dépendant trop de l'empirisme, des méthodes furent proposée. Celle de Philippe Théophraste Bombast de Hohenheim, dit Paracelse, fut lourde de conséquence.

Ce personnage sulfureux qui apprit la médecine arabe (autant dire celle du diable), diagnostiquait en examinant le corps, se prétendait volontiers alchimiste, aussi indispensable qu'exécré, proposa d'ériger en une théorie complète les rapprochements

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