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Le monopole de la thérapeutique alimentaire commença de se constituer à
partir du commerce de ces épices. Aux XIVe, XVe et XVIe Siècles, le négoce des
épices a joué un rôle essentiel dans l'histoire européenne et mondiale. Leur importance
dans la cuisine, la fréquence de leur usage et les quantités utilisées firent de ce trafic le
plus lucratif des commerces et jeta les Européens à la conquête des continents. Au stade
de la distribution, une corporation regroupait à Paris dés 1268 les apothicaires, les
herboristes et les épiciers en une communauté d'affaires qui éclata à la veille de la
Révolution.
La complémentarité de ces trois activités n'empêcha pas les conflits en son sein,
les apothicaires militant pour restreindre le champ d'activité des épiciers et se réserver
le monopole de la vente des produits médicamenteux. Mais cette démarche imposait de
parvenir à définir la spécificité de chaque activité or, aucune autorité ne parvînt à
délimiter la sphère propre à chaque branche, car tout aliment pouvait être médicament
et inversement. Pour se distinguer, les apothicaires prirent alors le parti de la science
officielle contre celui des pratiques traditionnelles des épiciers et herboristes, et
n'eurent de cesse de compléter leur formation scientifique.
La stratégie porta ses fruits: une déclaration de 1724 leur accordait un droit de
visite aux malades et une seconde déclaration de 1777 trancha le conflit, en éclatant la
corporation des épiciers-apothicaires pour créé le Collège de pharmacie: de
boutiquiers145ils se muèrent alors en sorciers146officiels. Le Collège se maintînt
pendant les troubles révolutionnaires et la loi du 21 germinal An XI confirma le
monopole thérapeutique des pharmaciens.
Ces derniers passèrent donc non seulement l'épreuve révolutionnaire sans
encombres mais se retrouvèrent au début du XIXe Siècle du bon côté du "mur de la
Révolution" qui les séparait de leurs concurrents épiciers et herboristes dont l'activité
resta associée aux croyances de l'Ancien-Régime.
Cependant, la volonté d'autonomiser la profession ne suffisait pas, il fallut
encore pouvoir la définir par son activité, or celle du pharmacien renvoie
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