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communautaires de repas réglés suivant des préceptes équivalents aux européens, et
l'ombre menaçante d'un cannibalisme qui se passe de descriptions précises et qui
concentre tellement toute barbarie, qu'on ne sait plus s'il est autre chose qu'un nom, un
pôle répulsif.
Au moins, est-il un prétexte permettant à Isabelle la Catholique de signer le
décret de 1501 qui légitime la razzia et la déportation massive des Caraïbes en déclarant
cette guerre juste et la possibilité de vendre comme esclave les prisonniers.
Le sort particuliers qui fut réservé à la figure du Tupinamba provient du contact
direct des colonisateurs français avec ces peuplades sud-américaines et notamment
l'examen minutieux de leur vie sociale133, c'est à dire essentiellement les rituels qui la
rythme et dont les plus frappants aux yeux des européens étaient ceux qui réglaient la
pratique cannibale.
Ainsi dans l'acte qui aurait du le plus le scandaliser, l'Européen découvre une
déconcertante familiarité qui le renvoie au cannibalisme figuré qui hante les cuisines
européennes et au thème du cannibalisme symbolique du tyran sur son peuple.
Le cannibalisme des "Amériques" est alors reconnu comme une forme de
vengeance, comportement certes répugnant mais proprement humain. Comme dans les
fabliaux, l'intention commence à être prise en considération et acquiert une importance
égale à l'incrimination de l'acte.
L'analogie fit son chemin et les missionnaires y perçurent même un rapport avec
le sacrement de l'Eucharistie. Les explications catholiques approchent timidement de
l'analogie, mais s'en rendant compte la rejette immédiatement au profit d'une
explication par les rituels de vengeance ou par les perversions alimentaires, ce qui
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