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samedi au dimanche, le remplacement des synagogues par des églises, etc... En matière
alimentaire, la doctrine chrétienne insiste essentiellement sur l'acte, pour laisser dans
l'ombre l'attraction exercée par les moyens.
En doctrine, l'important est de maîtriser son appétit par l'exercice du jeûne, ce
que la liturgie traduit par l'alternance des jours gras et des jours maigres. L'application
de ce rituel à des populations qui sont plus habituées à une dialectique du permis et de
l'interdit, qu'à celle dusuffisant et du trop, n'a pas été sans mal.
D'ailleurs, le débat a rapidement évolué à l'avantage de la distinction
traditionnelle, les ouailles étant prisonnières de leur schémas, elles ont assailli les
théologiens de questions telles que: le poisson est-il permis les jours gras et la viande
les jours maigres, et quiddes oeufs, du lait, des médications , etc..?
Piège de la pensée magique dans lequel les plus grands théologiens sont tombés
et qui n'est pas étranger à la fondation de la "casuistique". Une confrontation avec la
pensée magique qui a marqué le christianisme au point que les bases alimentaires
fondées sur le jeûne se sont nettement affaiblies, au profit de celles fondées sur des
aliments sacralisés. Ainsi les questions relatives au pain, au vin et à l'eucharistie elle-
même ont passionné plus que celles relatives à l'ascétisme, qui devint même suspecte
de péché d'orgueil.
La position chrétienne face à l'ascétisme est paradoxale. Tant la règle de la
communauté de Qumran que les exemples personnels du Baptiste et du Christ mettent
l'accent sur l'exemple ascétique. S'il est vrai qu'un prophète est presque toujours par
nature un ermite, le morale érémitique est très présente dans les Evangiles. L'exemple
extrême estcelui de Jean Baptiste qui se retranche au désert, ne se nourrissant que de
miel et de sauterelles grillées pour marquer son retour à la nature et la dénonciation
d'une civilisation taxée de décadente.
Le Christ essaye de placer son message ascétique dans la Cité, pour la réformer
et non la rejeter en bloc. C'est un instrument de contrôle de soi, de vigilance68, voire de
renoncement à soi-même pour suivre le Christ69avec un correctif de poids: il faut
s'abstenir absolument de rechercher l'estime et l'admiration des hommes70. Le trait est
encore accentué par Paul dans les Epîtres où il s'agit pour le chrétien de discipliner à
tout prix son corps, de "crucifier sa chair", même si paradoxalement il essaye de
68Matthieu XXIV, 42; XXV, 13; XXVI, 41. Marc XIII, 33-37; XIV, 38.
69Matthieu X, 38-40; XVI, 24-26. Marc VIII, 34. Luc XIV, 27. Jean XII, 25.
70Matthieu XVI, 16-19.
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