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La deuxième hypothèse concerne le blé57, le pain étant également symbole de connaissance., une connaissance fondée non plus sur la confusion mais sur la séparation: la parabole talmudique raconte que l'enfant sevré qui passe du lait au pain apprend alors à distinguer sa mère de son père. La faute réside alors dans la tentation du rationalisme, la voie d'Apollon ne valant guère mieux que celle de Dionysos.

Le refus de ces deux extrêmes peut également s'analyser en volonté de les concilier: les rites mosaïques insistent sur la consécration du vin et la bénédiction du pain; le mysticisme essénien accentua encore plus la symbolique et le christianisme en hérita logiquement et lui permît de présenter un cadre connu aux nouveaux convertis58.

La démarcation du judaïsme; est cependant l'objectif principal du christianisme naissant et ce trait lui resta longtemps attaché. La liturgie alimentaire du dogme chrétien reprend les figures majeures de l'alimentation fermentée, le christianisme étant une religion de la résurrection.

Le pain et le vin en sont donc logiquement les emblèmes principaux, au-delà même de leur utilisation au sein du rituel eucharistique. Or, si le judaïsme se méfie de la mystique du vin, celle du pain est largement à l'honneur, c'est donc essentiellement sur cette question de la panification chrétienne que le débat de l'antisémitisme sera porté.

L'un des paradoxe du culte du pain est de donner lieu à une sacralité spécifique du pain azyme. La dialectique du pain est la suivante: le culte de la bouillie de céréale appelle l'antithèse du pain levé mystique, ce qui conduit à la synthèse des pains azymes sacrés. Dans la hiérarchie du pain, le comble du sacré est donc l'azyme; il représente le choix de la pureté59et il est utilisé dans les rites juifspour la fête la plus solennelle: la Pâque. De plus, dans les Ecritures, la métaphore de l'azyme est utilisée avec insistance pour dénoncer les moeurs dissolues par un retour à la pureté.

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57Hypothèse du rabbin MEIR.
58Il existe bien sûr encore d'autres hypothèses, mais elles sont moins intéressantes, voire anecdotiques. 59La bouillie d'épéautre ou de blé ne représentant pas la pureté mais la nature et le sauvage, l'inconnaissance, la pureté ne pouvant être qu'une renonciation.

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