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La troisième enfin relève du complexe de culpabilité qui habite l'homme carnivore. Ainsi, même si Dieu permet, par la restriction de sa sphère monopolistique, l'exercice d'une violence profane, la responsabilité pénale du bourreau reste entière, la

Midrach enseignant qu'au jour du jugement, ce soutenir.

chohetaura une défense difficile à

Quant à l'exemple spécifique de la chute originelle, il démontre deux choses: d'abord la relation que l'ordre alimentaire entretient avec l'ordre législatif dans le schéma de la Bible , et ensuite la position hébraïque quant aux aliments sacrés des autres sociétés méditerranéennes.

Ainsi, le récit implique bien plus qu'une transgression particulière d'un interdit spécifique: il établit le fondement de toute vie sociale, la naissance de la Loi52: L'Homme montre qu'il a besoin de cette limite pour maîtriser le délire d'infini qui l'habite, sa pulsion hubrique53.

En outre, la forme que revêt l'interdit n'est pas indifférente, elle sert le fond: manger c'est soit "assimiler à soi"54soit "s'assimiler à", dans tous les cas il s'agit d'une extension de la personnalité dont le dérèglement pose la question de la toute-puissance. C'est en ce sens que l'expression d'arbre de la connaissance est la plus significative: la connaissance du bien et du mal vient de la nourriture.

Si cette valeur symbolique de la transgression, ce second degré de la Chute, est effectivement une donnée essentielle pour comprendre l'esprit de la société et de la Loi, il n'est cependant pas besoin de s'y attarder plus avant. La solution est claire, elle a déjà été esquissée par d'autres civilisation: de l'alimentation vient la législation.

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52J.EISENBERG, A. ABECASSIS : A bible ouverte II : et dieu créa EveAlbin MichelParis1979 p. 103.
53L'homme fut créé à l'image de Dieu, il recèle donc une partie de divin, d'infini. D'après les cabbalistes, il s'agit de l avolonté. Car la volonté de l'homme (et non le désir) est infini, il veut tout. Or si la volonté est infinie, alors la responsabilité l'est aussi. C'est parce que la torah s'adresse à la volonté humaine qu'elle est raisonnablement traduisible par"Loi". Car le droit està la fois l'instrument qui permet à la volonté de s'exercer et celui qui permet de la brider.
54En hébreux, "manger" ( " a'hol" ) est composé de deux lettres qui signifient respectivement " totalité " et " unité " , pour le mystique l' alimentation est donc affaire de ramener la totalité à l'unité. Pour le cabbaliste, il s'agit d'une unification parallèle à l'union sexuelle ( un " ziwwoug" ), une assimilation qui fait de l'alimentation, de la sexualité, et de l'amour les "actes" monothéistes par excellence.

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