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dit:" Voici, je vous ai donné toute herbe porteuse de semence(...) et tout arbre sur lequel se trouve un fruit, porteur desemence, ce sera votre nourriture"47.

Ainsi si l'Adam Cadmos est un mangeur, il l'est pour se revigorer de semence, du principe vital qui l'anime. Mais bien évidemment pas de tous les "arbres sur lequel se trouve un fruit ", car l'un d'eux n'est pas simplement porteur de semencemais aussi porteur de connaissance: celle du bien et du mal. Nous reviendrons spécifiquement sur cette question du fruit défendu et de la Chute Originelle, car elle évoque un aspect bien particulier du rapport à la nourriture. Pour l'instant poursuivons la veine végétarienne en tenant l'épisode de la pomme comme une péripétie de cette ligne, ce qu'elle est aussi.

Le principe végétarien connaît un premier infléchissement lors du sacrifice offert par Abel: non seulement Dieu agréé le meurtre en son nom, conquis telle une brave divinité grecque par l'agréable odeur qui s'en dégage, mais en plus lui donne explicitement préséance sur le sacrifice végétal de Caïn qu'Il dédaigne.

Cette première introduction du

phonoi

démontre clairement que Dieu ne

désapprouve pas le meurtre. Cette règle se trouve complétée par la suite immédiate de

l'épisode: la discrimination divine provoque de facto

le meurtre d'Abel par Caïn.

Cependant cette forme de sacrifice n'a pas l'agrément de la divinité. Ainsi le "monopole de la violence " est défini positivement et négativement. Le sang versé n'est pas une atteinte en soi, seule la Loi fonde son acceptabilité.

Aussi, ce qui fonde la crainte de Caïn après son bannissement, c'est de se retrouver exclu de cette sphère du monopole divin de la violence et donc de se trouver à la merci de la violence non encadrée, personnelle, du premier venu.

Cependant c'est au chapitre IX que le précédent d'Abel sert à fonder une coutume: le Déluge prend fin, Noé sort de l'Arche, offre un sacrifice. Dieu en apprécie l'odeur et cette fois-ci l'agréé, non plus implicitement, mais explicitement en autorisant la descendance de Noé à instituer le meurtre animal pour se nourrir de viande48.

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47Genèse, I, 29-30 (c'est nous qui soulignons)
48"A Adam, j'ai donné le droit de manger de l'herbe, à toi, Noé, et à tes descendants, je donne le droit de manger de la viande."
"Votre puissance et votre crainte s'exerceront sur toutes les bêtes de la terre et les animaux du ciel... Tout être vivant constituera votre nourriture. Comme l'herbe, je vous ai tout donné

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