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SECTION 1. PAR LE DROIT CANON;

L'esprit de la doctrine chrétienne est resté marqué pendant très longtemps par les problèmes du christianisme primitif, à savoir dépasser le stade sectaire pour s'instituer en religion autonome, ce qui demandait d'abord de se démarquer clairement du judaïsme originel et ensuite d'entretenir une intendance du prosélytisme suffisamment performante pour acquérir une base de fidèles respectable.

Ces deux opérations ont nécessité de mettre au point une politique complexe à l'égard des questions alimentaires, tant au regard des prescriptions alimentaires juives dont il fallait se démarquer sans heurter le fond de croyants attachés à leur tradition, que des sacralités païennes des nouveaux convertis tout aussi susceptibles. C'est après cette realpolitiksinueuse que l'Eglise a couru pour tenter d'unifier et de rationaliser la liturgie et le dogme.

§1. De la constitution alimentaire chrétienne;

Les prescriptions alimentaires juives sont, par nature, partie intégrante de l'Eglise primitive et de plus l'attachement du dogme chrétien à l'Ancien Testament contribua à maintenir le ver dans le fruit, même si la question de " l'applicabilité directe " de ce texte n'est pas clairement tranchée.

Toujours est-il que le christianisme y recourant volontiers lorsque cela semble aller dans le sens de ses intérêts, il faut étudier les significations et les solutions présentes dans l'Ancien Testament à propos de la question alimentaire, non seulement du point de vue ecclésial mais aussi rabbinique. Il convient même de s'y attarder, des siècles d'exégèse érudites ont fait de ce texte l'écrit le plus commenté de l'histoire, ce qui constitue un matériau précieux pour notre étude.

La position talmudique sur la question alimentaire se réfère bien sûr en premier à la chute originelle, mais elle dépasse la simple affaire du fruit défendu. Au terme du premier chapitre du livre de la Genèse, l'homme créé, Dieu se soucie immédiatement de sa subsistance, leur premier rapport de créateur à créature est donc celui de père nourricier, ce qui fonde toute l'importance que la Biblerattache à la question alimentaire.

Le premier homme est clairement végétarien, et même plus il est mangeur de germe, de semence même, avec toute la lourde signification du mot. Ainsi Elohimlui

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