1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112

SECTION PRELIMINAIRE. LA TRILOGIE DU SACRE

Le germe

est porteur d'une valeur symbolique très forte, puisqu'il est receleur

de ce mystère du cycle végétal, qui a fasciné pendant des millénaires l'homme devenu agriculteur. La première gestion de cette magie végétale s'est effectuée au sein des cultes d'adoration de la Terre-Mère, complétant ceux des mystères de la fertilité féminine.

Mais ces matriarcats méditerranéens ayant déclinés, au rythme de la propagation de la réforme patriarcale de la Cité-Etat, l'énigme du renouveau végétal s'est trouvé sans encadrement cultuel suffisant: les survivances locales et leurs avatars46ne suffirent pas à gérer une si grosse affaire. Le défaut de culte organisé n'empêcha pas la naissance ou le renouveau d'une mystique pastorale, une pensée agraire un peu trop rapidement qualifiée de populaire, prête elle-aussi à expliquer le tout par la partie, le microcosme par le macrocosme, et réciproquement.

Il n'est alors pas étonnant que fleurirent des interdits et des mythes sur les plantes germinales et sur les oeufs. Les exemples les plus frappants étant la fève et l'oeuf, les deux protagonistes d'une symbolique à succès pluriséculaire et particulièrement féconde en détournement, analogie et interprétation, depuis les fèves utilisées pour voter à Athènes, à la peu innocente fève de la galette.

Sans compter les innombrables variations sur l'oeuf, oeuf de Pâques ou oeuf humain. La symbolique de l'oeuf est si riche qu'elle fut logiquement utilisée dans toutes les mythologies cosmogoniques et notamment les mythes concurrents des mythes officiels: mythes sectaires, mythes locaux; l'oeuf primordial est partout.

L'eau ; est sans doute le principe alimentaire universel par excellence. Elle est source et aboutissement, agent de toutes les purifications mais aussi de toute putréfaction, elle est complètement ambivalente, ambiguë et donc sacrée. L'eau est certes un aliment biologiquement utile puisque le plus indispensable à la vie, mais c'est son rôle culturel de premier plan qui est le plus important.

L'eau est ainsi l'agent du passage d'une alimentation du cru à celle du cuit, ce qui marque un repère essentiel dans la constitution d'une culture. Celui qui mange cru ne valant guère mieux que l'homophage, il est au mieux un barbare ensauvagé et au

IMAGE imgs/meyer01.gif
46Notamment le culte de Demeter et les mystères d'Eleusis

45