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semblables, à moins qu'un rite de purification n'ait été prévu. Le passage vers une appréhension pénale commence donc à se dessiner.

Le trait s'accentue lorsqu'après une évolution, le système des tabouprend une coloration religieuse "quand des représentations de démons ou de dieux avec lesquels le tabou est mis en relation, commencent à se former, on attend de la puissance de la divinité un châtiment automatique19. Dans ce cas, la société se charge de punir celui dont la faute met en danger la communauté entière. L'imprudent reste toujours tabou , mais à l'impureté s'ajoute une condamnation et une sanction d'origine humaine. "C'est ainsi que le système pénal de l'humanité, dans ses formes les plus primitives, se rattache au tabou 20".

Mais la sanction pénale ne révèle qu'un aspect de la protection du sacré.

L'essentiel de l'effroi qu'inspire le tabou

trouve son application en aval, dans la

dissuasion. Une prévention qui, érigée en impératif au sein de la société, opère une réorganisation des structures sociales pour produire le totémisme.

Le totémisme ;constitue le point d'arrivée du cheminement qui mène des mythes aux rituels par lesquels s'expriment les tabous. A moins bien sûr qu'il ne s'agisse de l'inverse et que pour légitimer l'institution totémique, une mythologie ad hoc ne fût créée. Quoiqu'il en soit, cette division du groupe en clans affiliés à un totem, représente l'alpha de la Cité et l'oméga de la tribu.

Le totem est en règle générale un animal comestible (plus rarement une plante et exceptionnellement une force naturelle) qui se trouve dans un rapport particulier avec l'ensemble du groupe clanique. Ce rapport s'exprime en trois étapes d'une chronologie imprécise: le totem est l'ancêtre mythique du groupe, sa sacralité n'est pas ambivalente pour les membres du clan qu'il protège, car ils se soumettent à un interdit de consommation de sa chair; ce n'est qu'en cas de violation de l'interdit que la force destructrice du tabouréapparaît derrière le totem. La division de la tribu en clans totémiques se présente donc à première vue comme un mode de gestion du sacré.

Mais sa véritable nature est plus étendue: il s'agit d'un mode d'administration du sacré c'est-à-dire qu'à la fonction de gestion, il faut ajouter celle de distribution. En effet en se plaçant dans la généalogie d'un totem, les membres d'un clan concentrent

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19S. FREUD 20Ibid.

Totem et tabou

PayotParis1965p 37

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