stérilité et recettes
aphrodisiaques1. Tout ceci
disparaîtra
lorsque le XIXe siècle
imposera en gynécologie et en
obstétrique la loi des
mâles, celle des prêtres, des
accoucheurs et des hommes d'affaires,
loi qui fit
disparaître les pratiques
opothérapiques à partir du
placenta, accusées de barbarie
anthropophagique, afin de
recycler ce produit humain dans
l'industrie pharmaceutique
et cosmétique (4400 tonnes par
an pour un seul laboratoire
français)2. Les
règles économiques, les performances
industrielles et les lois du
marché sont maintenant censées
faire échapper l'utilisation
du placenta à tout soupçon
d'horreur cannibale.
L'AUTRE TABLE
L'alimentation du foetus et du
nourrisson fait entrer
brutalement l'être humain dans
la problématique de qui
mange l'autre. Je pense qu'on n'a pas
tout réglé en disant que
se nourrir de sa mère n'est
pas manger sa mère. En effet, il
est difficile de ne pas voir un
mélange résiduel des
institutions gigognes de
l'esclavagisme et du cannibalisme
1. Gélis J., L'arbre et le fruit. La naissance dans
l'Occident moderne, XVIe-
XIXe
siècle,
p.286-291.
2Mattei J. F., La Vie en question : pour une éthique
biomédicale, p. 78
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