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succubes)1. Au XVIe siècle, les suppôts de Satan vont

trouver leur territoire et il deviendra commun, chez les

illustrateurs, de situer en Amérique le sabbat des

sorcières, avec tout le capharnaüm traditionnel d'animaux

et d'esprits maléfiques, et en plus, dans les chaudrons, de la

chair humaine, avec en outre la présence de Saturne

dévorant un enfant qui le castre lui-même d'un coup de

dent
2.Le cannibalisme permettait ainsi de découvrir une

nouvelle forme de chaos dionysien, mais avec l'ajout de

certitudes désignant par contraste le pays du bien : les

nations catholiques.


L'autre discours, nettement minoritaire et bien vite oublié,

peut se rencontrer chez Montaigne ou Jean de Lery, c'est-à-

dire dans la perspective critique de l'humaniste et dans

l'expérience douloureuse du huguenot. Il invite à comparer le

cannibalisme aux horreurs de la violence dans les nations

chrétiennes, à poser des questions dérangeantes (est-il plus

abominable de manger un prisonnier exécuté sans cruauté


IMAGE Imgs/baud_festin01.gif

1Baud J. P., "Genèse institutionnelle du génocide", p. 189-190.

2Zika C., "Les parties du corps, Saturne et le cannibalisme :

représentations visuelles des assemblées des sorcières au XVIe siècle", p.

404-418.


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