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Ce qu'il fallait faire des cadavres ne relevait pas des choix

humains. D'ailleurs, les exigences divines pouvaient être

contradictoires et l'on pouvait voir, comme dans Antigone,

les sacralités familiales s'opposer aux divinités

protectrices de la cité. La seule question relevant des choix

humains concernait le fait de détruire la vie. Dans le monde

antique, les sectes pythagoriciennes et orphiques se sont

beaucoup interrogées sur les limites du pouvoir destructeur

de l'homme, tant dans le domaine animal que végétal. Les

Pythagoriciens ayant répandu l'idée de la réincarnation,

Sénèque s'interrogea sur le fait qu'en mangeant un animal on

puisse manger son père, non pour dénoncer le caractère

sacrilège d'une telle ingestion, mais parce qu'il fallait

d'abord commettre l'impardonnable crime de parricide
1.

Remettant toute la civilisation en cause, le fils qui, à

Rome, avait tué son père était condamné à retourner au

chaos dionysiaque : cousu dans un sac avec un chien, un coq,

un singe et une vipère, il était ainsi noyé, supplice qu'on

peut interpréter comme le retour à un liquide amniotique

qui n'est pas celui de l'espèce humaine.


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1Thomas Y., "La peur des pères et la violence des fils : images rhétoriques

et normes du droit", p. 9.


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