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Jean-Pierre Baud

LE FESTIN SAUVAGE

paru dans

Apertura. Collection de recherche psychanalytique

XIV [1996], Strasbourg-Paris, éditions Arcanes, p. 57-63

© Jean-Pierre Baud 1996

Le juriste qui commet l'imprudence de rencontrer des

psychanalystes pour parler de l'anthropophagie découvre

très vite que l'horreur est moins dans le sujet que dans le

fait qu'il doit traiter du vide là où ses interlocuteurs

doivent trier dans la pléthore. En psychanalyse, les frères

ont, dans la horde primitive, mangé le père, et les enfants

font l'expérience de ce que leur mère donne à manger alors

qu'elle n'est pas elle-même un aliment. Tout ceci est bien

étranger au monde intellectuel des juristes où il n'est

évidemment jamais question de se manger en famille, et où

la notion même d'aliments n'est évoquée

qu'exceptionnellement, pour aussitôt se dématérialiser dans

l'acception du minimum vital.


Pourtant, c'est le contraste entre la prolixité et le mutisme

qui impose la rencontre des deux approches : le droit civil

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